Investir sans risque : guide des placements sécurisés
Investir sans risque : capital garanti, liquidité et rendement réel
Il n’existe pas de placement « zéro risque » offrant un rendement élevé. En revanche, certains supports permettent de préserver le capital tout en limitant la volatilité : livrets réglementés, fonds en euros, comptes sur livret ou encore fonds structurés à garantie de capital. Comprendre leurs mécanismes aide à bâtir une poche d’épargne sécurisée réellement adaptée à vos objectifs.
Mis à jour le 24 juillet 2025
Par Sébastien Couston
5 minutes
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Sommaire
Dans le domaine de l’investissement, qu’il soit mobilier, immobilier, industriel voire même artistique, la rentabilité est souvent corrélée au risque pris par l’investisseur. Pour autant, investir sans risque peut être un objectif pour certaines catégories de personnes, soit particulièrement averses au risque, soit n’ayant pas les moyens de perdre sur leur investissement.
En matière d’investissement, on peut distinguer deux types de risque :
- Le risque sur le capital investi
- Le risque sur des données périphériques (durée d’immobilisation, liquidité, fiscalité)
Ainsi, un placement peut être garanti en capital mais temporairement illiquide, ce qui le rendrait inadapté à un investisseur très prudent.
Les placements sans risque ne sont pas légion. Il n’existe aucun investissement immobilier totalement sans risque : même protégé par des assurances (vacance, loyers impayés), un bien peut perdre de la valeur ou nécessiter des travaux. Pour limiter le risque d’un investissement immobilier, mieux vaut appliquer des critères de bon sens (emplacement, prix, demande locative) plutôt que de « sur‑assurer » un produit médiocre.
Les rares produits d’investissement réellement sécurisés sont donc des supports d’épargne financière
Les supports d’investissements sans risque
Fonds en euros (assurance‑vie)
Les fonds en euros bénéficient d’une garantie en capital (hors frais) et d’un effet cliquet : les intérêts annuels définitivement acquis s’ajoutent au capital garanti. L’épargnant détient une créance sur l’assureur ; le seul risque majeur est un défaut de ce dernier (couvert partiellement par le Fonds de Garantie des Assurances de Personnes). Les fonds en euros « nouvelle génération » intègrent davantage d’actifs dynamiques pour soutenir le rendement, en contrepartie de frais parfois supérieurs.
Livrets réglementés
Livret A, LDDS, LEP… Rémunération fixée ou encadrée par l’État, intérêts exonérés d’impôt et de prélèvements sociaux (hors LEP soumis à conditions de revenus). Ces livrets constituent la base de l’épargne de précaution : capital garanti, liquidité immédiate, absence de frais. Leur principal inconvénient : un taux souvent proche ou inférieur à l’inflation sur le long terme.
Comptes sur livret bancaires
Rémunération libre (souvent bonifiée quelques mois), capital disponible à tout moment. Les intérêts sont soumis au Prélèvement Forfaitaire Unique (PFU) ou au barème de l’IR + prélèvements sociaux. La garantie des dépôts de 100 000 € par établissement couvre le capital en cas de défaillance bancaire.
Fonds structurés à capital garanti
Produits créés par une banque ou société de gestion combinant actifs obligataires et options. Ils offrent une garantie de capital à l’échéance (6, 8, 10 ans…) et une performance liée à un indice de référence (actions, panier sectoriel…). Avant l’échéance, la valeur peut fluctuer et être inférieure au nominal. Le risque principal est la défaillance de l’émetteur garant. Logés dans une assurance‑vie, ils profitent d’une fiscalité adoucie.
Autres solutions prudentes
Pour un horizon court, les bons de caisse, dépôts à terme ou parts de fonds monétaires complètent la palette. Leur rendement suit les taux courts et peut redevenir attractif si les banques centrales maintiennent des taux élevés.
Pourquoi l’immobilier locatif n’est pas un placement « sans risque »
L’investissement immobilier locatif – nu ou meublé (LMNP) – n’entre pas dans la catégorie des placements totalement sans risque, mais il présente un risque structurel limité et maîtrisable lorsque certains critères sont respectés :
- Emplacement porteur (bassins d’emploi, tension locative) ;
- Prix d’acquisition cohérent avec le marché ;
- Qualité technique du bien ;
- Niveau d’endettement raisonnable.
Contrairement aux actifs financiers volatils, la valeur d’usage d’un logement et la régularité des loyers amortissent les chocs conjoncturels. Les assurances (loyers impayés, vacance, multirisque), la mutualisation via la « pierre papier » (SCPI/SCI) et les régimes fiscaux protecteurs (LMNP amortissable, déficit foncier) contribuent à lisser la rentabilité nette.
En résumé, l’immobilier locatif constitue un compromis rendement/sécurité : il n’offre pas la garantie en capital des livrets, mais il procure un potentiel de revalorisation et de revenus récurrents avec un niveau de risque souvent inférieur aux marchés actions sur longue période.
Quel rendement peut-on attendre ?
Un investissement sans risque est un investissement à rendement limité. La conjoncture influence directement ces taux : lorsque les obligations d’État se stabilisent, les supports sécurisés plafonnent et leur rendement réel (après inflation) peut devenir nul.
- Fonds en euros : rendement annuel brut rarement supérieur à quelques pourcents. Après prélèvements sociaux (17,2 %) et fiscalité éventuelle en cas de rachat, le gain réel peut être proche de zéro si l’inflation est élevée.
- Livrets réglementés : intérêts nets, mais taux pouvant rester sous l’inflation sur longue période (hors LEP).
- Comptes sur livret : taux promotionnels temporaires, puis rendement souvent inférieur à 0,5–1 % net avant fiscalité.
- Fonds structurés garantis : potentiel variable (0 à 4–5 % annuel selon scénario). La garantie ne joue qu’à l’échéance, d’où un risque d’illiquidité si revente anticipée.
Investir sans risque revient à privilégier la préservation du capital sur la performance
Pour quels profils d’investisseurs ?
Rechercher un support sans risque altère le potentiel de performance. Sur le moyen/long terme, se cantonner aux placements garantis expose au risque d’érosion monétaire. Investir sans risque doit donc être réservé :
- Aux personnes totalement averses au risque de perte en capital ;
- À l’épargne de précaution destinée aux imprévus (6 à 12 mois de dépenses) ;
- Aux projets de court terme (< 2 ans) pour lesquels l’aléa boursier serait inadapté.
Les fonds structurés à capital garanti s’envisagent uniquement si l’investisseur accepte d’immobiliser les sommes jusqu’à l’échéance. Ils constituent une alternative pour chercher un surcroît de rendement en conservant la protection finale du capital.
Bonnes pratiques pour investir « sans risque »
- Segmenter : une poche sécurité (livrets + fonds en euros) et une poche diversification (ETF, immobilier) pour battre l’inflation à long terme.
- Limiter les frais : choisir une assurance‑vie à frais réduits afin de maximiser le rendement net du fonds en euros et des fonds structurés.
- Échelonner les entrées (dépôts programmés) afin de lisser l’impact des variations de taux sur les nouveaux produits garantis.
Investir sans risque : à retenir
Utilisés comme socle d’une stratégie patrimoniale, les placements sécurisés assurent liquidité et visibilité. Ils doivent cependant être complétés par des investissements plus dynamiques pour espérer créer de la valeur réelle sur la durée.