Démembrement : les clefs de la relation entre nu-propriétaire et usufruitier
Nu‑propriété vs usufruit : responsabilités, charges et sécurisation de l’investissement
Fiscalité sur les revenus fonciers, IFI et recherche de rendement net : le démembrement de propriété (acquisition de la nue‑propriété, usufruit temporaire cédé à un bailleur institutionnel) est un levier puissant pour investir sans alourdir son impôt. Encore faut‑il encadrer précisément les droits et devoirs de l’usufruitier et du nu‑propriétaire pour protéger la valeur future du bien.
Mis à jour le 24 juillet 2025
Par Bruno Petit
4 minutes
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Sommaire
- Pendant la période d’usufruit : obligations d’entretien de l’usufruitier
- En fin d’usufruit : la remise en état du bien démembré
- Après l’usufruit : valorisation et stratégies de sortie
- Notre conseil : sécuriser la convention de démembrement
- Explorer nos programmes en démembrement de propriété
- FAQ – Démembrement de propriété
Face à l’augmentation constante de la fiscalité sur les revenus fonciers (tranche à 45 %, prélèvements sociaux à 17,2 %) et l’instauration d’un impôt sur la fortune immobilière (IFI) recentré sur l’immobilier net, l’investissement en démembrement de propriété a pris un essor important ces dernières années.
Le principe consiste pour l’investisseur à acquérir la nue‑propriété d’un bien immobilier, tandis qu’un usufruit temporaire (souvent 15 à 20 ans) est simultanément acquis par un bailleur institutionnel.
Avant d’investir, il est indispensable de comprendre la mécanique contractuelle qui liera nu‑propriétaire et usufruitier, car l’équilibre des obligations conditionne la réussite de l’opération.
Pendant la période d’usufruit : obligations d’entretien de l’usufruitier
L’usufruitier peut utiliser le bien ou le louer et perçoit les fruits (loyers). En contrepartie, il supporte l’intégralité des charges d’exploitation : entretien courant et exceptionnel, réparations, mises aux normes (y compris énergétiques / DPE), assurance, taxe foncière, impôts locaux. Pendant la durée du démembrement temporaire, le nu‑propriétaire ne perçoit donc aucun revenu mais ne supporte aucune dépense. Nous déconseillons les montages laissant résiduellement des charges au nu‑propriétaire : cela détruit l’intérêt financier (absence de loyers) et complexifie la comptabilité.
Bien qu’il ne soit pas impliqué financièrement, le nu‑propriétaire conserve un droit de regard : la convention de démembrement prévoit généralement un droit de visite annuel ou sur préavis pour vérifier le bon entretien. Cette convention doit détailler la liste des travaux à la charge de l’usufruitier et la procédure de signalement en cas de manquement.
En fin d’usufruit : la remise en état du bien démembré
L’état de restitution à l’extinction de l’usufruit conditionne la rentabilité post‑démembrement (mise en location ou revente). L’usufruitier doit restituer un bien libre, entretenu et immédiatement exploitable. Nous recommandons d’insérer dans l’acte un « carnet d’entretien » annexé précisant les opérations minimales de remise en état avant rétrocession :
- Parties communes : ravalement ou nettoyage des façades, contrôle/étanchéité de toiture, révision des réseaux et chaufferie, peinture et sols des circulations.
- Parties privatives : rafraîchissement peintures/sols, vérification des huisseries, de la robinetterie, des équipements de chauffage/ventilation et remplacement si nécessaire, conformité électrique.
Cette clause protège le nu‑propriétaire contre une décote immédiate à la récupération du bien. À défaut d’un tel engagement formalisé, le risque est de devoir financer des travaux non anticipés et retarder la génération de revenus.
Après l’usufruit : valorisation et stratégies de sortie
À la réunion de l’usufruit et de la nue‑propriété (pleine propriété automatique sans droits supplémentaires), l’investisseur peut choisir :
- Location nue ou meublée : génération d’un flux locatif complet après une phase sans revenus ; la base d’amortissement en meublé (LMNP) porte sur la valeur économique au jour de la réunion.
- Revente : arbitrage avec plus‑value potentielle, la base fiscale de la plus‑value calculée classiquement depuis l’origine (date d’acquisition de la nue‑propriété) avec application des abattements pour durée de détention.
Le démembrement optimise ainsi le couple rendement/risque : absence d’IFI (la nue‑propriété n’entre pas dans l’assiette), aucune fiscalité sur des loyers inexistants, et récupération finale d’un actif patrimonial potentiellement valorisé.
Notre conseil : sécuriser la convention de démembrement
Compte tenu de l’importance des obligations pesant sur l’usufruitier et de leur impact sur la valeur finale, la convention doit être exhaustive et annexée à l’acte notarié : inventaire des charges (articles 605/606 du Code civil), calendrier de maintenance, engagements de remise en état, modalités de contrôle et pénalités. Privilégiez des usufruitiers bailleurs institutionnels (organismes HLM, SEM, sociétés publiques locales…) dont la solidité financière réduit le risque de défaillance.
Un démembrement de propriété réussi repose sur un triptyque : bailleur institutionnel solide, convention détaillée, suivi régulier du bien.
Explorer nos programmes en démembrement de propriété
FAQ – Démembrement de propriété
Le nu‑propriétaire paie‑t‑il l’IFI ?
Non. La nue‑propriété est exclue de l’assiette : c’est l’un des principaux intérêts patrimoniaux.
Que se passe‑t‑il si l’usufruitier ne réalise pas les travaux prévus ?
La convention peut prévoir une mise en demeure puis l’exécution forcée aux frais de l’usufruitier ou une retenue sur la garantie financière constituée à l’origine. D’où l’importance d’une rédaction précise et de garanties (caution, garantie bancaire).
Peut‑on vendre la nue‑propriété avant l’échéance ?
Oui, la nue‑propriété est cessible. L’acquéreur reprend les droits et obligations jusqu’au terme de l’usufruit. La valorisation repose alors sur l’actualisation de la pleine propriété future (barèmes fiscaux ou actuarielles).
Nu-propriétaire et usufruitier : à retenir
- Zéro fiscalité courante : pas de loyers, pas d’IFI pour le nu‑propriétaire.
- Encadrement contractuel : charges, travaux et remise en état à formaliser.
- Valeur future protégée : pleine propriété récupérée sans droits supplémentaires et immédiatement exploitable.
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